- Écrit par le Webmaster MARIBA
- Le 26 novembre 2013
Nous réunissons ces deux points car nous pensons (jusqu'à preuve du contraire) que les bruits au sol entendus par les riverains proches de l'aéroport proviennent uniquement de l'aviation d'affaires.
Il y a peu d'aéroports d'affaires en France et peu de documents à ce sujet. Nous tenons nos connaissances sur l'aviation d'affaires à l'aéroport de Lyon Bron d'articles de presse et de rares réunions publiques.
L'aviation d'affaires (dite aussi aviation de luxe) se distingue de l'aviation de ligne par deux caractéristiques:
- elle ne comporte pas de lignes régulières.
- Chaque vol concerne une petite quantité d'utilisateurs (jusqu'à une trentaine).
Sa flotte est composée en général d'avions plus petits que celle de l'aviation de ligne.
On peut dire aussi que les avions d'affaires volent « aux instruments » comme les avions de ligne, alors que ceux de l'aviation légère et sportive volent « à vue »: c'est presque toujours vrai.
Dans le cadre de l'aviation d'affaires à Bron entre également un certain nombre de vols concernant du fret, dont l'aéroport nous a assuré qu'il n'est pas important et qu'en aucun cas il n'a lieu de nuit.
Après l'ouverture de l'aéroport Saint Exupery à Satolas en 1975, il n'y a plus eu à Bron d'aviation de ligne, mais seulement quelques aéroclubs d'aviation légère et sportive, et une aviation d'affaires confidentielle. Les anciens habitants du quartier avaient coutume d'évoquer systématiquement l'Olympique Lyonnais et son président quand on parlait des « jets » de l'aviation d'affaires: cela faisait partie du folklore local.
Cependant dans les années 2000 l'essor de l'aviation d'affaires a été tel qu'il a fini par se remarquer, puis par gêner les habitants des quartiers proches de l'aéroport, comme cela a été précisé dans la pétition que notre association a fait circuler en 2008.
Les avions d'affaires font en décollant un bruit intense mais bref, en atterrissant un bruit plus discret. De jour, ce bruit est bien toléré par les habitants qui comprennent (cela leur a été assez répété!) que l'aéroport de Bron fait partie des facteurs de développement de la métropole lyonnaise, et qu'il est porteur d'emplois précieux en cette période de crise. Les avions d'affaires sont aussi moins horripilants que « les petits coucous », comme on les appelle familièrement, de l'aviation légère, d'abord parce qu'ils ne font pas de tours de piste, ensuite parce du fait qu'ils volent « aux instruments », ils suivent des balises radar qui leur imposent l'axe de la piste, aussi bien au décollage qu'à l'atterrissage, et que cet axe ne passe pas au-dessus de Bron, mais de Chassieu (coin du golf) et de Décines, alors que les avions de l'aviation légère volent « à vue » et suivent des trajectoires plus variées.
Lyon-Bron est le troisième aéroport d'aviation d'affaires en France après le Bourget et Cannes.
En 2009 le Bourget réalisait 55.000 mouvements d'avions d'affaires, Cannes-Nice 11.000 + 26.000, et Lyon-Bron 6.671.
En 2009, le chiffre d'affaires de l'aéroport de Bron provient de plusieurs sources:
- son chiffre d'affaires immobilier (Castorama, Botanic, etc...) représentait 72% de son chiffre d'affaires global
(donc, son chiffre d'affaires aéronautiques n'en représentait que 28%) - l'aviation d'affaires représentait 63% du chiffre d'affaires aéronautique pour 10% des mouvements d'avions
(donc l'aviation légère et les hélicoptères: 37%, pour 90% des mouvements).
Financièrement donc, l'aviation d'affaires représente bien davantage que l'aviation légère, mais nettement moins que l'immobilier!
Le développement de l'aviation d'affaires représente pour « Aéroports de Lyon » une priorité. De nombreux aménagements ont été faits ces dernières années pour attirer la clientèle:
- réfection de la piste en 2008,
- rénovation de tous les bâtiments,
- agrandissement de l'aérogare en 2012,
- élargissement des aires de stationnement (2011-2012),
- restaurant,
- rainurage de la piste en 2012 pour accueillir des avions plus gros même par temps de pluie,
- construction de hangars pour abriter des avions d'affaires et des ateliers,
- etc.
Nous n'avons pas de chiffres avant 2004. Puis ces chiffres ont augmenté de 15% par an de 2004 à 2008, passant de 3.700 mouvements par an, dont personne ne songeait à se plaindre, à 7.169.
Ils ont baissé de 7% en 2009 (6.700 mouvements), repris 0,7% en 2010 (6.750 mouvements), baissé à nouveau de 6,5% en 2011 (6.308 mouvements), remonté de 0,8% en 2012 (6.359 mouvements), et l'aéroport attend une hausse de 10% en 2013 (7.000 mouvements) et de 3 à 4% en 2014. Notons que le chiffre de 2008 n'a pas été dépassé pour le moment.
Nous trouvons dans la presse, tant généraliste que spécialisée, des articles le plus souvent triomphants: pour un « les avions d'affaires peinent à redécoller » (ActuMarchés mars 2010), beaucoup de: « l'aéroport Lyon-Bron prend de la hauteur » (Agir et Entreprendre octobre 2009), « l'aéroport de Bron déploie ses ailes » (Petites affiches lyonnaises avril 2010), « l'aéroport de Bron est une véritable porte d'entrée sur l'Europe » (la Tribune de Lyon mars 2012), , « l'aéroport de Bron décolle » (Petites Affiches Lyonnaises août 2012)!
D'après les chiffres, nous devons constater que tout ce décollage... peine justement à décoller! D'où peut-être toutes ces dépenses, et toute cette publicité.
Notre crainte de riverains est que la volonté de « Aéroports de Lyon » de faire progresser l'aéroport d'affaires de Lyon-Bron ne les amène à rechercher des marchés de plus en plus nuisants pour son entourage: avions de plus en plus gros, vols de nuit, ...
D'ailleurs dans un récent article en anglais était rapporté un entretien avec un responsable de l'aéroport, où étaient évoqués les points forts de Lyon-Bron: n'étant pas limité en nombre de mouvements, il peut servir de plaque tournante vers des aéroports comme Cannes-Mandelieu (qui, lui, est limité par arrêté ministériel) ou vers les stations de ski qu'on peut rejoindre en hélicoptère. Il peut aussi, le trafic de nuit y étant autorisé, servir de délestage à Genève.
Défense des riverains:
Si vous avez lu « aviation légère et sportive » et « hélicoptères », vous savez que le premier de ces deux thèmes est débattu depuis 2009 en « commission consultative de l'environnement », et qu'il l'a été aussi en « groupe de travail », devenu en 2011 « comité de suivi de la charte ».
Cette charte signée de 2010 à 2011, nommée « charte d'environnement sonore », a concerné jusqu'ici uniquement l'aviation légère et sportive, même s'il était prévu que son champ d'application pourrait être étendu à l'aviation d'affaires et aux hélicoptères.
Le thème des hélicoptères, grâce à la loi qui a reçu son arrêté d'application en octobre 2010, est en train d'y entrer (... groupe de travail, dans un premier temps).
Quant à l'aviation d'affaires, nous n'avons obtenu qu'une fois, malgré nos demandes réitérées, qu'elle fasse partie de l'ordre du jour de la Commission Consultative de l'Environnement. C'était en septembre 2012, après un article de presse de nos trois associations de Bron, Décines et Saint Priest. Il s'agissait de notre volonté que « les appareils moyens porteurs n'atterrissent qu'à l'aéroport de Saint Exupery ». Il nous a été répondu que ces appareils resteraient peu nombreux à Bron, qu'une surveillance plus fine de ces trafics ferait l'objet d'une présentation à la prochaine CCE, et qu'une comparaison chiffrée serait effectuée sur la pollution et le bruit engendrés par ces moyens porteurs par rapport à l'aviation légère. La CCE suivante a eu lieu le 12 novembre 2013, nous avions rappelé ce sujet dans notre demande d'ordre du jour, mais il n'y a pas paru.
Cependant, l'enquête publique sur le P.E.B. (Plan d'Exposition au Bruit), qui s'est tenue en septembre 2013 et dont on attend les résultats, a recueilli de nombreuses plaintes des habitants de toutes les villes riveraines sur l'augmentation du trafic de l'aéroport de Bron ces dernières années: nous espérons une prise de conscience de la Préfecture sur ces nuisances et le nombre important d'habitants qui y sont exposés.
Les associations et municipalités riveraines se sont vigoureusement exprimées, à l'occasion de l'enquête PEB et lors de différentes réunions:
Pas d'augmentation de trafic!
Arrêt du trafic de nuit!
Une bonne partie de ce trafic de nuit (environ 60%) concerne, outre des rapatriements sanitaires, des transports d'organes et d'équipes chirurgicales pour greffes (la compagnie Oyonnair basée à Bron a remporté début 2013 un marché national, renouvelable trois fois pour une durée d'un an, d'après « Tout Lyon Affiches » en janvier 2013.) Si ces transports paraissent en effet indispensables, on peut toutefois se demander si cela ne pourrait pas être réparti entre plusieurs aéroports? Cela semble en tout cas une raison suffisante pour ne pas autoriser les 40% de vols de nuit restants!
Un article du « Progrès » du 3 novembre 2013 évoque l'intention du préfet d' « étudier la possibilité d'interdire les vols de nuit ».
La nuit en effet, même si la fréquence des vols n'a rien à voir avec celle de Saint Exupery (nous en étions à une moyenne de 1,9 mouvement par nuit à Bron en 2011), ils réveillent certains habitants.
N'oublions pas de définir ce qu'est la nuit aéronautique:
- en théorie la nuit aéronautique commence une heure après le coucher du soleil et se termine une heure avant son lever. C'est bien difficile à prendre en compte et on utilise généralement une seconde définition:
- en pratique on considère comme vols de nuit les vols effectués après 22 heures 30 et avant 6 heures 30.
Quant aux bruits au sol, ils dérangent, surtout à la belle saison, parce qu'ils sont prolongés et répétés, survenant aussi bien en journée (ateliers) qu'en soirée (« chauffe » des moteurs avant le décollage, même si ce n'est certainement pas le terme technique exact). Nous les avons évoqués à deux reprises au cours des CCE passées: une réponse écrite nous a été promise, nous ne l'avons pas reçue, et le sujet n'a jamais été mentionné dans les compte-rendus de la préfecture.