Photomontage : MARIBA; Source : wikimedia.orgSuite à l'article des Échos du 4/05/2011, de nombreux médias s'interrogent sur l'étrange coïncidence entre la vente « sans contreparties » de 24 Rafale au Qatar et les nouveaux droits de trafic accordés à la compagnie aérienne Qatar Airways pour la ligne Lyon-Doha. Il ne s'agirait pas d'une contrepartie mais d'une condition ( nuance ! ) :

La demande n'est pas nouvelle mais n'avait jamais été entendue jusque là. C'est désormais chose faite : les avions de Qatar Airways, qui desservent déjà Paris, pourront aussi décoller et atterrir à Lyon et Nice.

Rue89Lyon rappelle le contexte :

Les chefs d'entreprise de la région lyonnaise pétitionnent en effet depuis plusieurs mois pour demander à l'Etat français d'accorder de nouveaux droits de trafic aux compagnies de pays émergents et, en premier lieu, à Emirates (la compagnie de Dubaï) qui assure déjà plusieurs liaison avec Lyon.

Pourquoi les Émirats ? Dans une article du 5 mai, air-journal.fr rapporte les propos du Président :

François Hollande a démenti la contrepartie, expliquant qu'il y a « des discussions qui sont engagées dans d'autres domaines avec le Qatar, avec d'autres pays pour l'attribution de lignes aériennes  [...] ». Difficile de ne pas penser parmi les autres pays aux Émirats Arabes Unis, eux aussi intéressés par le Rafale et dont la compagnie nationale Etihad Airways espère l'autorisation de s'envoler vers les provinces françaises. [...]

Parmi les compagnies du Golfe, seule Emirates Airlines dessert aujourd'hui la province – Lyon (5 vols par semaine) et Nice (7) [...].

 

Pour Le Monde (4 mai) :

[...] Air France sera peut-être contrainte de revoir ses vols. Or, quand un avion long courrier est retiré de la flotte, ce sont 300 emplois directs en moins.
La décision apparaît d'autant plus incompréhensible qu'elle est prise par l'Etat, qui est actionnaire de la compagnie aérienne (16 %).
Le risque est désormais d'avoir créé une jurisprudence. Les Émirats arabes unis, qui sont, eux aussi, intéressés par des avions de combat, pourraient faire la même demande auprès des autorités françaises pour leur compagnie aérienne Etihad.

 Pour les Echos (11 mai) :

Les grands aéroports régionaux [...] roulent ouvertement pour la levée des barrières. C'est particulièrement vrai à Lyon, où Emirates demande, sans succès, de pouvoir passer de 5 à 7 vols par semaine sur Dubaï. [...] Du président du Grand Lyon, Gérard Collomb, au président de l'aéroport, Philippe Bernand, en passant par les représentants des milieux d'affaires, toute la région soutient cette revendication.

En disant cela, on oublie les nombreux riverains pour qui la qualité de vie dépend de la façon dont Aéroports De Lyon (ADL) gère le trafic de ses aéroports (l'aéroport Lyon Saint-Exupéry et l'aéroport Lyon-Bron).
Normalement, l'ouverture de lignes aériennes est du ressort de la DGAC. Avec la libération de nouveaux droits de trafic comme condition de vente, on assiste effectivement à une « levée des barrières ». Les prérogatives des administrations responsables de l'aviation civile sont court-circuitées au profit d'intérêts étrangers et pour satisfaire les revendications des entrepreneurs régionaux.

Avec la prochaine privatisation d'ADL, cette « levée des barrières » nous montre déjà les dispositions de l’État qui est prêt à abandonner sa capacité à gérer lui-même les droits de trafic aérien en province, notamment à Lyon, ligne après ligne, un contrat après l'autre.
Cela n'arrive pas par hasard. Et même si toute la région ne soutient pas cette démarche, certains élus et entrepreneurs régionaux n'y sont pas pour rien.
Le 26 février dans le Progrès, le président de la CCI de Lyon évoquait la prochaine privatisation d'Aéroports De Lyon pour demander ces nouveaux droits de trafic. Pour appuyer sa demande il n'hésitait pas à critiquer la position du ministre de l'économie et à contester la compétence de la DGAC quant à la gestion de l'ouverture des lignes aérienne :

« la privatisation [...] ne peut pas être abordée indépendamment de la question de l'ouverture des droits de trafic à Lyon. Et nous ne pouvons pas nous satisfaire de la réponse apportée par Emmanuel Macron lors du débat parlementaire rappelant que l'ouverture des lignes aériennes reste du ressort de la DGAC.»

Nous - association de riverains - préférons adresser notre soutien aux administrations responsables de l'aviation civile soucieuses de ne pas abandonner leurs prérogatives et leurs missions de service public face aux exigences des milieux d'affaires.

Par ailleurs, en préparation à la privatisation d'ADL, nous encourageons toutes les associations de riverains d'Aéroports De Lyon à œuvrer :

  • pour que des garanties protégeant la qualité de vie soient précisées de façon à figurer dans les contrats de cession,
  • pour que ce moment ne soit pas une occasion de démarrer la dérégulation du trafic aérien à Lyon.